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Karl Korsch

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Karl Korsch
Karl Korsch
Naissance
Décès
(à 75 ans)
Belmont, Massachusetts
Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité
Formation
École/tradition
Principaux intérêts
Influencé par
A influencé
Conjoint
Hedda Korsch (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Escalona Sibylle K Sibylle Korsch) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Karl Korsch est un philosophe, enseignant, théoricien et militant du communisme de conseils, né le à Tostedt dans les landes de Lunebourg, et mort le , à Cambridge aux États-Unis.

Karl Korsch est issu d’une famille de la classe moyenne. Son père est vice-président d'une banque à Meiningen, où Karl Korsch effectue ses études secondaires. Intéressé par la philosophie mais poussé par son père à faire du droit, il fait un compromis en choisissant d'étudier la jurisprudence et les aspects philosophiques du droit[1].

Il obtient en 1911 le titre de docteur en droit (« Doktor Juris ») de l’université d’Iéna. De 1912 à 1914, il est en Angleterre où il étudie et pratique les droits anglais et international.

D'abord influencé par le réformisme social, il contribue à des discussions sur la réforme juridique, la réforme agraire, l'éducation secondaire et l'émancipation des femmes, sans adopter une position explicitement socialiste. Après ses études, il rejoint la Fabian Society en Angleterre, appréciant son approche pratique du socialisme, mais sans adhérer pleinement au marxisme orthodoxe. Il critique alors le manque de plans concrets des socialistes pour une transition vers le socialisme, anticipant les difficultés rencontrées plus tard par le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) au pouvoir[1].

La première guerre mondiale le ramène en Allemagne et il est incorporé dans l’armée allemande où il passe les quatre années suivantes : il y gagne deux blessures et subit dégradation et promotion militaires au gré des fluctuations politiques. Personnellement, il prend position contre la guerre, rejoint le Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (USPD), dont l’aile gauche crée en le Parti communiste d'Allemagne (KPD).

Au cours de la révolution allemande, Karl Korsch participe à la création du conseil ouvrier de Meiningen.

Pendant la période 1919-1920, Karl Korsch transitionne vers des positions plus marxistes et élabore une approche distinctive de la socialisation des moyens de production en rejetant les perspectives réformistes, étatiques et syndicalistes. Contrairement aux bolcheviks et à la majorité du SPD, Korsch critique la socialisation étatique, affirmant que celle-ci augmenterait le pouvoir du gouvernement de manière excessive. Il plaide pour une socialisation qui intègre la participation directe des travailleurs dans la gestion des industries et la création d'institutions de coordination par les travailleurs eux-mêmes. Korsch s'oppose à la continuité du parlement comme institution politique durant la transition socialiste, et préfère un système où les conseils ouvriers joueraient un rôle central. Ses idées sont alors proches de celles des Guild Socialists en Angleterre, qui prônent une réorganisation industrielle autonome. Korsch écrit également sur la nécessité d'une éducation socialiste et de l'action continue de la classe ouvrière pour réussir la transition vers le socialisme[1].

Il commence à enseigner à l'Université d'Iéna comme conférencier à partir de 1919, puis comme Professeur en titre à partir de 1924.

Karl Korsch devint député à la diète de Thuringe, brièvement ministre de la justice de cet État en (le gouvernement ouvrier dura presque trois semaines), et de 1924 à 1928 député au Reichstag. Il fut également rédacteur en chef de l'organe théorique du KPD : Die Internationale (fondé en 1915 par Rosa Luxemburg).

Hostile à l’évolution de plus en plus opportuniste de l’Internationale communiste, Korsch, dont la connaissance et la compréhension de la théorie marxienne étaient supérieures à celles de la plupart des théoriciens officiels du parti[réf. nécessaire], ne pouvait qu’entrer rapidement en conflit avec l’idéologie officielle du parti bolchevique. En 1923, il publie Marxisme et philosophie, qui marque sa rupture avec le léninisme. Ce livre lui vaudra d’être dénoncé par l’Internationale Communiste en 1924. Il publie la même année une « anti-critique » dans laquelle il ré-affirme la pertinence de ses thèses de 1923.

Son opposition de plus en plus forte l’amène à démissionner de la direction de Die Internationale, et à participer à l’organisation de l’aile gauche du KPD, qui crée un courant, « Entschiedene Linke », et la revue Kommunistische Politik. Il est exclu du KPD en mai 1926. Il crée alors avec d’autres députés communistes exclus et dissidents un groupe parlementaire, le « Linke Kommunisten », qui réunira jusqu’à 15 députés au Reichstag.

Korsch rejoint l’opposition conseilliste allemande, se met en relation avec le groupe russe « Centralisme Démocratique », et entretient des contacts avec le Parti communiste ouvrier d'Allemagne (KAPD) et l’opposition d’extrême-gauche présente au sein du SPD.

L’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933, contraint Korsch à quitter l’Allemagne. Il passe en Angleterre, réside pour une courte période au Danemark, puis, en 1936, émigre aux États-Unis. Tout en exerçant une charge d’enseignement à la Nouvelle-Orléans, Korsch, pendant les années passées en Amérique, se consacre à la théorie marxienne. En Amérique comme en Allemagne, son influence principale fut celle de l’éducateur. Ses amis, respectueusement, l’appelaient le « Lehrer ». Ses connaissances encyclopédiques, son acuité d’esprit le désignaient pour ce rôle particulier bien qu’il eût préféré être « au cœur des choses », c’est-à-dire mêlé aux luttes réelles pour le bien-être et l’émancipation de la classe ouvrière, à laquelle il s’identifiait.

En 1936, il soutint les communistes libertaires durant la révolution espagnole.

Selon les conceptions de Korsch, le marxisme ne constitue ni une philosophie matérialiste positiviste, ni une science positive. Toutes ses propositions sont spécifiques, historiques et concrètes, y compris celles qui ont l’apparence de l’universel. Même la philosophie dialectique de Hegel, dont la critique servit de point de départ à l’œuvre de Karl Marx, ne peut être correctement comprise que si on la relie à la révolution sociale et que si on la considère, non comme une philosophie de la révolution en général, mais seulement comme l’expression, dans le domaine des idées, de la révolution bourgeoise. Et comme telle, elle ne traduit pas le processus entier de cette révolution, mais seulement sa phase terminale, comme on peut le voir dans son accord avec les réalités immédiates.

  • Marxisme et philosophie (1923, revu et augmenté en 1930), traduction en français aux éditions de Minuit, 187p., (ISBN 2-7073-0101-9), rééd. Allia, 2012 ;
  • La Crise du marxisme (1931) ;
  • La Philosophie de Lénine (1938)
  • L’idéologie marxiste en Russie (Living Marxism - ) ;
  • Karl Marx (1938), traduit par Serge Bricianer, postface de Paul Mattick, éditions Champ libre, 1971, (réédité par les éditions Ivrea), 288p. ;
  • L'Anti-Kautsky, traduit par Alphé Marchadier, éditions Champ libre, Paris, 1973, 212p. ;
  • La Guerre et la révolution, Ab irato, 2001 ;
  • Marxisme et contre-révolution dans la première moitié du XXe siècle, Seuil, 1975 ;
  • Notes sur l'histoire, trad. fr. de Claude Orsoni, avant-propos de Charles Reeve, suivi de "Karl Korsch, un cheminement politique" par Serge Bricianer, Toulouse, Smolny, 2011 ; contient les deux articles "World Historians" et "Notes On History" (1942) ;
  • Recension de La théorie générale du droit et le marxisme de Evgeny Pašukanis, placé en introduction des éditions françaises de cet ouvrage (Études et documentation internationale, 1971 et L'Asymétrie, 2018).

Bibliographie

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  • (de) Michael Buckmiller (Hrsg.), Zur Aktualität von Karl Korsch, Europäische Verlagsanstalt, Frankfurt am Main, 1981. (ISBN 3-434-00449-1)
  • (de) Pozzoli, Claudio (Hrsg.), Über Karl Korsch, Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt am Main, 1973. (ISBN 3-436-01793-0)
  • (de) Zimmermann, Wolfgang, Korsch zur Einführung, Hannover, 1978. (ISBN 3-88209-011-1)
  • Erich Gerlach (de): Die Entwicklung des Marxismus von der revolutionären Philosophie zur wissenschaftlichen Theorie proletarischen Handelns bei Karl Korsch. In: Karl Korsch: Marxismus und Philosophie. 3. Auflage. Hrsg. Erich Gerlach. Europäische Verlagsanstalt, Frankfurt am Main 1966.
  • Richard Albrecht (de): Die Kritik von Korsch an Pannoekoek. In: Das Argument, Jg. 14, Nr. 74, 1972, (ISSN 0004-1157), S. 586–625
  • Michael Buckmiller (de): Marxismus als Realität. Zur Rekonstruktion der theoretischen und politischen Entwicklung von Karl Korsch In: Claudio Pozzoli (Hrsg.): Jahrbuch Arbeiterbewegung, Band 1: Über Karl Korsch. Fischer, Frankfurt am Main 1973, (ISBN 3-436-01793-0), S. 15–85
  • Heinz Brüggemann: Bert Brecht und Karl Korsch, Fragen nach Lebendigem und Totem im Marxismus In: Jahrbuch Arbeiterbewegung Band 1. S. 177–188
  • Douglas Kellner (Hrsg.): Karl Korsch. Revolutionary Theory. University of Texas Press, Austin 1977, (ISBN 0-292-74301-7) (Volltext, PDF-Datei; 11,92 MB).
  • (de) Hermann Weber, « Korsch, Karl », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 12, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 599–600 (original numérisé).
  • Michael Buckmiller: Karl Korsch (1886–1961), Marxistische Theorie und juristische Aktion. In: Kritische Justiz (de) (Hrsg.): Streitbare Juristen. Eine andere Tradition Nomos, Baden-Baden 1988, (ISBN 3-7890-1580-6), S. 254 ff.
  • Michael Buckmiller: Die Marx-Interpretation im Briefwechsel zwischen Karl Korsch und Roman Rosdolsky In: Beiträge zur Marx-Engels-Forschung. Neue Folge. Sonderband 5. Die Marx-Engels-Werkausgaben in der UdSSR und DDR (1945–1968) mit 30 Briefen. Argument Verlag, Hamburg 2006, S. 303–367. (ISBN 3-88619-691-7)
  • Matthias Steinbach (de): Das verschlossene Tor der Universität. Karl Korsch (1886-1961). In: Ketzer, Käuze, Querulanten. Außenseiter im universitären Milieu. Hrsg. Steinbach, M./Ploenus, M., Jena/Quedlinburg 2008, (ISBN 978-3-932906-84-8), S. 288–299
  • Matthias Steinbach: Marx für Stehkragenproletarier? Zu Karl Korschs Idee und Praxis einer marxistischen Arbeiterbildung im Jenaer Mikrokosmos der früheren Weimarer Republik. In: Prüfstein Marx. Zur Edition und Rezeption eines Klassikers. Hrsg. M. Steinbach/M. Ploenus, Berlin 2013, (ISBN 978-3-86331-118-6), S. 198–210
  • Arnold Schölzel (de): Karl Korschs „undogmatischer Marxismus“. Ein Beitrag zur Untersuchung der Entwicklungsgeschichte des philosophischen Revisionismus. Dissertation, Humboldt-Universität Berlin 1982
  • Klaus Vieweg (de), Achim Seifert (de), Axel Ecker, Eberhard Eichenhofer (de): Karl Korsch zwischen Rechts- und Sozialwissenschaft: ein Beitrag zur Thüringischen Rechts- und Justizgeschichte. Boorberg Verlag, Stuttgart 2018, (ISBN 978-3-415-06145-3)

Liens externes

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Références

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  1. a b et c (en) Patrick Goode, Karl Korsch: a study in western Marxism, Macmillan, (ISBN 978-0-333-23425-9).