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Adrien Tournachon

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Adrien Tournachon
Adrien Tournachon, Autoportrait, images multiples
(vers 1858, détail),
Los Angeles, J. Paul Getty Museum.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Pseudonyme
Nadar jeune
Nationalité
Activités
Famille
Père
Victor Tournachon-Molin (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Thérèse Maillet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
signature d'Adrien Tournachon
Signature

Adrien Alban Tournachon, connu sous le pseudonyme Nadar jeune, né à Paris le et mort dans la même ville le , est un photographe, peintre et dessinateur français.

Il est le frère cadet de Félix Tournachon, dit Nadar.

Affiche publicitaire pour Tournachon, Nadar jeune et Cie, artistes photographes par Lorentz figurant Deburau (1856), lithographie, Paris, BnF.

Adrien Tournachon naît le à Paris de Thérèse Maillet, vivant en union libre avec le fouriériste Victor Tournachon-Molin[1],[2] avec qui elle ne se résout au mariage qu'en 1826[1]. Victor Tournachon-Molin[3] après avoir exercé son activité de libraire à Paris retourne à Lyon où il meurt dans la misère en 1837[4].

Élevé à Lyon après la mort de son père, Adrien Tournachon rejoint son frère ainé Félix (dit Nadar) à Paris en 1845. Félix l'introduit alors dans les milieux littéraire et artistique, l'aide à obtenir divers travaux de dessin[5] et le fait entrer dans l'atelier du peintre Picot.

En 1848, en compagnie de son frère, il s'engage dans la 1re légion de la République polonaise et prend la route pour soutenir l'insurrection polonaise. Le groupe est arrêté à Strasbourg et interné à Eisleben avant d'être libéré en mai. En 1851, Adrien fait partie de l'équipe constituée par son frère pour réaliser ce qui sera le Panthéon Nadar[5], un catalogue de plusieurs centaines de caricatures des grands hommes de l'époque. Nadar s'intéressant à la photographie naissante lui paie un apprentissage chez Gustave Le Gray[6].

Adrien Tournachon ouvre en 1853 son atelier de photographie à Paris au 11, boulevard des Capucines en nom propre et signe ses photographies « Tournachon 11. boult des Capucines », puis en association avec son frère sous le nom de Société Tournachon, Nadar jeune et Cie, et signe alors ses œuvres du nom de « Nadar jeune ». Il photographie les célébrités de son temps[7] et mène ses activités de photographe parallèlement à celles de peintre[5].

Le succès vient rapidement après la série de clichés du mime Deburau, dont le Pierrot photographe devient le support de la publicité éditée à l'occasion de l'agrandissement de la société et la création d'un salon pour la réception des clients au 17, boulevard des italiens[8].

Le , il dépose un brevet pour un procédé mécanique d'application du collodion dont il obtient l'exploitation pour 15 ans le [9]. En 1855, il dépose le un brevet pour un « appareil propre à distribuer les cartes, dit “distributeur de l'exposition” », et enfin le suivant, avec Godebski, une machine dite « contrôleur vérificateur » destinée à rendre aux compagnies des voitures publiques un compte exact de leurs gains journaliers.

Il présente à l'Exposition universelle de 1855 à Paris la série de clichés représentant Deburau et, malgré la critique qui lui est défavorable, obtient une médaille de 1re classe[10].

Fin 1855, Adrien Tournachon désire s'installer à son compte et la société formée avec Félix est dissoute. À la même époque, il devient membre de la Société française de photographie (SFP) récemment créée[11]. Félix Nadar ouvre son premier studio au 113, rue Saint-Lazare. Adrien Tournachon devient alors associé au baryton Jules Lefort et à l'organiste Lefebure-Wely qui apportent des capitaux. Mais Adrien et ses associés continuant à signer « Nadar » ; une animosité naît entre les deux frères. Adrien et Félix devenant concurrents[12], car utilisant le même pseudonyme et ayant des adresses proches, créant ainsi une confusion chez les clients, entraînant donc un procès à la suite de la plainte de Félix à l'encontre d'Adrien et de ses associés pour utilisation abusive du nom de Nadar[13] s'ouvre alors : la procédure judiciaire commencée en 1855 se termine en 1857[14] ; le juge donne raison à Félix qui conserve seul le nom de Nadar[13]. Cette utilisation du même pseudonyme par les deux frères conduira à attribuer une partie importante de l'œuvre photographique d'Adrien Tournachon à son frère[13].

Adrien Tournachon obtient l'autorisation de prendre le titre de « photographe de sa majesté l'impératrice et de son altesse impériale la princesse Mathilde »[15].

En 1855, débute son activité de photographe animalier avec les photographies de chèvres Angora du Muséum national d'histoire naturelle, provenant d’un troupeau de quinze chèvres envoyé par l’émir Abd el-Kader au maréchal Vaillant, ministre de la Guerre ; elles furent réalisées pour une présentation d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire à la Société impériale d’acclimatation[16] et il est l'auteur de l'album photographique des races bovines et ovines du Concours agricole universel de Paris de 1856 (96 photographies, dont 95 d'entre elles ont été vendues aux enchères le 3 juin 2015 par la maison spécialisée Beaussant Lefèvre, et sont aujourd'hui très recherchées)[17]. La signature est Nadar Je & Cie 17 boult des Italiens[18]. En 1858, ayant perdu le procès contre son frère, la raison sociale devient Ad. Tournachon Jne & Cie.

En 1857, il soumet la proposition d'ériger un monument en hommage à Daguerre[19].

En 1860 paraissent ses albums consacrés aux concours de races chevalines et asines [20] et en 1861, sa série sur le cirque, les saltimbanques et acrobates[21].

La brouille entre Félix et Adrien Tournachon prend fin au décès de sa mère, Thérèse Maillet, en 1860.

En 1862, il a une liaison avec Léontide Renaude (dite « Mademoiselle Léontine », actrice de variétés), entre autres, maîtresse de Gustave Courbet[22].

Adrien Tournachon devient ensuite le directeur artistique chez J.P. Joannes et Cie, au 124, avenue des Champs-Élysées et signe Adr. Tournachon Jne, spécialisé dans les photographies hippiques.

En , il crée une entreprise spécialisée dans les émaux photographiques, procédé inventé par Bulot et Cattin, qu'il maîtrise depuis 1855[23]. Cette société ferme en 1872.

Interné en psychiatrie pour la première fois en 1886, il fera de nombreux séjours à l'Hôpital Sainte Périne. Proposé à l'inscription des chambres payantes de la fondation Galignani, par son directeur, le 1er avril 1890, sa candidature sera enregistré le 13 avril 1891[24]. Il intègre l'établissement du 15 avril 1891 jusqu'au 17 mai 1893, sous le numéro 5863. Il meurt à Paris à l'hôpital Saint-Louis, le [25].

Photographie

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Selon Anne de Mondenard et Marc Pagneux[26], Adrien Tournachon (et non son frère Nadar) a photographié certaines des plus grandes célébrités du moment dans les domaines de la musique (Meyerbeer[27] et Rossini[27]), de la peinture (Alexandre-Gabriel Decamps[27], Gustave Doré[28], Ernest Meissonier[27] et Horace Vernet[27]) et de la littérature (Dumas fils[27], Lamartine[27], Nerval[7] et Vigny[27]).

Adrien Tournachon a également réalisé une série de portraits du mime Deburau (1829-1873) en 1855[27]. Cette série est intitulé Têtes d’expression de Pierrot se classe parmi les chefs-d’œuvre de la photographie primitive. En effet, les techniques de prises de vues de cette époque ne permettent pas de réaliser une photographie instantanée. Or, la réalisation de cette photographie brise tous les concepts du moment. Adrien Tournachon, aidé par son frère Félix, bouscule ces pratiques figeant l’expression des passions : la surprise, le rire, la douleur, l’ivresse ou encore la convoitise, mimés par Charles Deburau. Cette série portée sur la figure d’expression, destinée à promouvoir l’atelier Nadar-Tournachon à l’Exposition universelle de 1855 à Paris, a reçu la médaille d’or[27]. Outre le sens du mouvement et de la mimique, les photographies de Deburau en Pierrot, d’un format exceptionnel par leur taille, sont remarquables par la maîtrise de la lumière afin de créer un jeu de contrastes et de volume du costume blanc sur un fond noir[29]. Le tirage intitulé Pierrot à la corbeille de fruit a été adjugé pour 120 000 euros lors de la vente aux enchères consacrée à la succession François Lepage, par l'étude Millon, le [29]. Cette valeur reflète la qualité et la rareté de cette série de photographies, qui fait état d'un travail artistique remarquable.

À partir de 1856, Adrien Tournachon photographia les patients étudiés par le docteur Duchenne de Boulogne[30].

À la même époque, il devient le photographe officiel du Concours universel agricole de Paris[31]. Il photographie ainsi les lauréats mâles et femelles de toutes races ovines et bovines présentées lors du concours de l'année 1856. Les œuvres mesurent en moyenne 21 × 29 cm et sont développées sur papier salé d'après des négatifs sur verre au collodion. La majorité des tirages ont reçu une couche protectrice de gélatine tannée, technique qu'Adrien Tournachon était l'un des rares à utiliser à cette époque, ce qui leur confère une qualité de conservation exceptionnelle. Quatre vingt quinze vues de cette collection — sur un total de 96 ou 123 selon les sources — ont été vendues aux enchères le par la maison spécialisée Beaussant Lefèvre à Paris, alors qu'elles étaient conservées dans un portfolio fermé par une serrure, et accompagné par un maroquin vert à tranche dorée titré en lettres d’or : Album photographique des races bovines et ovines du Concours agricole universel de Paris 1856. Ces photographies sont contrecollés sur un carton laissant apparaître une légende indiquant la race, le sexe et le prix obtenu par l'animal, ainsi que le nom du propriétaire et sa région d'origine. Ces tirages sont aujourd'hui très représentatifs de l’œuvre d'Adrien Tournachon et demeurent recherchés, avec des prix variant de 1 000 euros à 10 000 euros ; voire davantage pour les plus beaux sujets.

Certains tirages sont atypiques, c'est ainsi que malgré les soins apportés au travail de commande, Adrien Tournachon a succombé, à l’art du portrait et a pivoté sa chambre à la verticale. Il nous reste de cet intermède trois gros plans : le taureau de Mariahof (Autriche) et son bouvier, un autre taureau probablement Charolais mais non identifié et la vache normande élevée par M. Morin à Caen (Calvados). Lors de cette prise de vue au Concours agricole universel de Paris 1856, son appareil prend le jour : la fuite de lumière donne une impression de vapeur sortant des naseaux du taureau de Mariahof et ajoute un filet de brume sous le museau de la vache normande[32].

Finalement, ce sont des animaux provenant de sept pays qui ont été photographiés lors du Concours universel agricole de Paris en 1856 (Îles Britanniques, Hollande, Danemark, Suisse, Allemagne, Empire d'Autriche et France). Parmi les races photographiées, certaines sont aujourd'hui disparues ; ces tirages font alors partie des rares traces restantes de l'histoire de la génétique bovine au XIXe siècle. C'est par exemple le cas de la Garonnaise, ancienne race du Sud-Ouest de la France, dont le tirage de la vache est actuellement exposé au National Gallery of Art de Washington (États-Unis)[33].

Peinture et dessin

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Adrien Tournachon est élève de François-Édouard Picot. Il peint Le Géant au clair de lune, nuit du [34], figurant le vol nocturne de Paris à Meaux de l'immense ballon construit par son frère Nadar. Il expose au Salon :

  • 1868 : Les Uzelles, forêt de Sénart, no 2400 ;
  • 1869 : Portrait de M. A.T…, no 2282 ; Dessous de bois au carrefour de la souche, forêt de Sénart, no 2283 ;
  • 1870 : Les Derniers moments de Saint-Just, no 276.

Entre 1848 et 1880, il est l'auteur de copies de commande d'œuvres de maîtres destinées à décorer divers bâtiments civils ou religieux[35].

Œuvres dans les collections publiques

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Autoportrait au chapeau de paille (vers 1850), Paris, BnF.
Canada
États-Unis
France
Suisse

Expositions

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Notes et références

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  1. a et b Roger Greaves, Nadar ou le paradoxe vital, Flammarion, 1992, (ISBN 2-08-064278-2) pages 16 à 29
  2. Biographie de Victor Tournachon, fiche BnF.
  3. Victor Tournachon commence son métier de libraire imprimeur chez Molin à Lyon dont il épouse la petite-fille. Il change son nom en Tournachon-Molin sous lequel il est connu comme éditeur. Il épouse en 1826 la Lyonnaise Thérèse Maillet, mère de Nadar et d'Adrien, avec qui il vit en union libre à Paris depuis 1817.
  4. Acte de décès de Victor Tournachon, archives de Lyon, p. 95/335.
  5. a b et c Modernisme ou modernité, p. 349.
  6. Lettre de Le Gray (pièce jointe) lors du procès, Le Gray dans une lettre à Félix reconnaît le fait que celui-ci ait payé les cours de son frère, mais en revanche lui rappelle lui avoir fait mi-tarif en raison de leur amitié (à savoir 200 francs au lieu des 400 habituels).
  7. a et b Modernisme ou modernité, p. 351.
  8. Affiche sur gallica BnF.
  9. Brevet de 15 ans (exploitation) sur books.google.
  10. Critique Le Photographe.
  11. Adhésion SFP dans le Bulletin de la SFP, 1855.
  12. Mémoire relatif au procès sur gallica BnF.
  13. a b et c Modernisme ou modernité, p. 348.
  14. Journal du Palais sur books.google.
  15. E. L., « Exposition universelle.Photographie », La Lumière, 6e année, no 3, , p. 9 (en ligne sur Gallica).
  16. A.-T. L., « Les chèvres d'Angora », La Lumière, 5e année, no 16, , p. 63 (en ligne sur Gallica).
  17. « La photographie au concours agricole universel », La Lumière, 6e année, no 23, , p. 89 (en ligne sur Gallica).
  18. Album sur pixfan.
  19. Ernest Lacan, « Niepce et Daguerre », La Lumière, 7e année, no 46, , p. 181 (en ligne sur Gallica).
  20. Album chevaux, vente Baron-Ribeyre.
  21. Cette série de photographies a été prise au cirque Napoléon, devenu le Cirque d'Hiver. Les photographies sont signées en rouge adr. Tournachon.
  22. Lettre de Courbet sur books.google.
  23. « Épreuves photographiques sur émaux », La Lumière, 5e année, no 33, , p. 130 (en ligne sur Gallica)..
  24. Archives de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Registres d'inscriptions des candidats à l'hospice (1889-1953) : 540W/12
  25. Acte décès, archives Paris, pp. 30-31.
  26. Commissaires de l'exposition « Modernisme ou modernité. Les photographes du cercle de Gustave Le Gray (1850-1860) » au Petit Palais du au .
  27. a b c d e f g h i et j Modernisme ou modernité, p. 352.
  28. Modernisme ou modernité, p. 367.
  29. a et b Millon, « Le "Pierrot" par Nadar » Accès libre, sur Millon, (consulté le ).
  30. Méchanisme de la physionomie humaine sur gallica BnF.
  31. Lors du Concours universel agricole de Paris de 1856, Émile Baudement veut faire l'inventaire de toutes les races bovines. Il demande alors à Adrien Tournachon de prendre des clichés de tous les bovins présents.
  32. Beaussant Lefèvre, « ALBUM PHOTOGRAPHIQUE des RACES BOVINES et OVINES du Concours agricole universel de Paris, 1856 », .
  33. (en) National Gallery of art, « Vache Garonnaise, âgée de 5 à 6 ans ».
  34. Photographie de l'œuvre par Nadar (attribution) sur gallica BnF.
  35. Liste des œuvres sur la base Arcade.
  36. « Adrien Tournachon, self portrait, multiple images », Getty Center].
  37. metmuseum.org.
  38. eastman.org
  39. Alain Bonnet, Face à Face, Paris, Somogy Editions d’art, , 262 p. (ISBN 2-85056-332-3), p. 117
  40. « Tournachon Adrien Alban » sur gallica.bnf.fr.
  41. Autoportrait, musée Carnavalet.
  42. Tête de Lacoon, musée d'Art et d'Histoire de Genève.
  43. Médaille 1855, Le Photographe sur gallica BnF.
  44. Liste des membres de la SFP.
  45. Catalogue SFP, no 97.
  46. Catalogue SFP, no 1196.

Bibliographie

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Anne de Mondenard, Marc Pagneux et Vincent Rouby, Modernisme ou modernité : Les photographes du cercle de Gustave Le Gray, Actes Sud, , 408 p. (ISBN 978-2-330-00542-9), « Adrien Tournachon, ou un Nadar peut en cacher un autre », p. 345 à 375.

Liens externes

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