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Histoire de ta bêtise

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Tu es un bourgeois.Mais le propre du bourgeois, c’est de ne jamais se reconnaître comme tel.Petit test  :  Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage.Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent.L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme.Tu utilises parfois (souvent  ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi.Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.  Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi.Prends le risque de l’ouvrir.    Romancier, essayiste et dramaturge, François Bégaudeau est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Deux singes ou ma vie politique (Verticales, 2013) et En guerre (Verticales, 2018).

220 pages, Kindle Edition

First published January 23, 2019

About the author

François Bégaudeau

63 books65 followers
He was born in Luçon, Vendée and was first a member of the 1990s punk rock group Zabriskie Pont. After receiving his degree in Literature, he taught high school in Dreux and in an inner city middle school in Paris. He published his first novel, Jouer juste in 2003. In 2005, he published Dans la diagonale and Un démocrate, Mick Jagger 1960-1969, a fictionalized account of the life of Mick Jagger.

In 2006, his third novel entitled Entre les murs earned him the Prix France Culture/Télérama.

François Bégaudeau is a movie critic for the French version of Playboy, having previously worked for the Cahiers du cinéma. He also was a regular contributor for several French magazines, including Inculte, Transfuge and So Foot. Since September 2006, he is a columnist for La Matinale and Le Cercle on Canal+ television.

He worked on the screenplay of Entre les murs, a film based on his 2006 novel, in collaboration with Laurent Cantet. He also starred in the film, which received the Palme d'Or at the 2008 Cannes Film Festival, and an Academy Award nomination for Best Foreign Language Film in 2009 (though it lost to Japan's Departures). The English language version of Entre les murs was published in April 2009 by Seven Stories Press under the title The Class.

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Profile Image for Zéro Janvier.
1,569 reviews92 followers
February 4, 2019
Comme beaucoup, je pense que ma « rencontre » avec François Bégaudeau, ou devrais-je dire ma découverte de François Bégaudeau, date du film Entre les murs réalisé par Laurent Cantet, dans lequel François Bégaudeau jouait le rôle d’un professeur de français d’une classe de 4ème dans un collège du XX° arrondissement de Paris. Ce long-métrage était adapté du livre portant le même titre et écrit par François Bégaudeau lui-même.

Depuis, j’avais vaguement suivi les publications littéraires de François Bégaudeau, ses interventions publiques, ses chroniques sur le football dans un quotidien national, mais sans y porter une attention démesurée. J’avais notamment lu son ouvrage intitulé Une vie périphérique, dans lequel il parlait de cette fameuse France périphérique dont on entend souvent parler ces derniers temps.

Cela m’amène à cette Histoire de ta bêtise dont j’ai découvert l’existence et la publication dans ces circonstances que je saurais bien incapable de raconter ici. J’ai sans doute vu un extrait d’un passage de l’auteur dans un quelconque talk-show, sans que je me souvienne duquel. Par contre ses propos et sa façon d’aborder certains sujets d’actualité m’avaient donné envie d’en savoir plus sur son dernier ouvrage.

Tu es un bourgeois.

Mais le propre du bourgeois, c’est de ne jamais se reconnaître comme tel.

Petit test :

Tu votes toujours au second tour des élections quand l’extrême droite y est qualifiée, pour lui faire barrage.
Par conséquent, l’abstention te paraît à la fois indigne et incompréhensible.
Tu redoutes les populismes, dont tu parles le plus souvent au pluriel.
Tu es bien convaincu qu’au fond les extrêmes se touchent.
L’élection de Donald Trump et le Brexit t’ont inspiré une sainte horreur, mais depuis lors tu ne suis que d’assez loin ce qui se passe aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Naturellement tu dénonces les conflits d’intérêts, mais tu penses qu’en voir partout relève du complotisme.
Tu utilises parfois (souvent ?) dans une même phrase les mots racisme, nationalisme, xénophobie et repli sur soi.
Tu leur préfères définitivement le mot ouverture.

Si tu as répondu oui au moins une fois, ce livre parle de toi.
Prends le risque de l’ouvrir.

Dans ce long texte de 220 pages, François Bégaudeau s’adresse à la bourgeoisie (plutôt de gauche) qui constitue une grande partie de son entourage. Il identifie cette classe sociale, il la nomme, et il l’accuse clairement de bêtise, à savoir de ne plus penser.

François Bégaudeau parcourt plusieurs sujets et développe une analyse que je ne pourrai pas détailler ni résumer ici. On y trouve notamment l’affirmation de l’existence de la bourgeoisie comme classe sociale, sa volonté – au moins inconsciente – de ne pas apparaître comme une classe sociale à part entière et de maintenir un ordre social dans elle profite.

Si je devais retenir un (long) extrait pour présenter la pensée développée par l’auteur, ce serait celui-ci :

Quand tu t’es mis, comme un seul homme, à parler des populismes, on a d’abord cru que par là tu prenais acte de la multiplication des foyers européens de la peste –sur tes cartes de chaînes d’info, la Pologne, l’Italie, la Slovénie et l’Autriche étaient en noir. Puis il est apparu que le pluriel visait à inclure des mouvements de gauche. Or aux mille tares que tu prêtes aux Insoumis, entre allégeance vénézuélienne et archaïsme économique, tu n’aurais quand même pas l’indécence d’ajouter le racisme et autres bazinstincts à la flatterie desquels on reconnaît censément le populisme. Rien à faire, pas de trace d’un tweet xénophobe ou misogyne sur le compte de Mélenchon. Et ses ambiguïtés sur les migrants ne sont ambiguës que dans tes rêves.

Mais alors qu’est-ce qui vaut aux Insoumis leur intégration à l’axe du mal populiste ? La réponse n’est pas dans la récente réhabilitation du mot au sein de la gauche critique, via les travaux de Mouffe et Laclau que tu ignores. Elle n’est pas dans la mégalomanie du leader charismatique des Insoumis –ton Macron n’y est pas moins sujet, et pas moins autocrate. La réponse est dans le mot, dans sa morphologie. Peuple + isme, donc. Au plus sincère de ta perception, le populiste est bien celui qui, non pas trompe le peuple comme tu le prétends en le taxant de démagogie, mais le défend. Et par peuple ton inconscient social sait très bien ce que tu désignes. Ce signifiant creux est plein. Plein de ta peur. Plein de la vieille peur qui t’anime, te mobilise, te structure. Définition de peuple dans ton dictionnaire intime ? Ce qui te menace. Menace ta place. La repère, la conteste, parfois l’assiège.

Parlant du peuple, tu penses gens du peuple. Tu penses classes populaires. Dont tu crains qu’elles montent, en effet, qu’elles montent comme la Seine en crue jusqu’à ta position ; qu’elles dressent des échelles contre le mur du château et t’embrochent sur une fourche. Aussi vrai que le procès en égalitarisme sert de cheval de Troie au procès de l’égalité, l’hostilité au populisme est le masque présentable de ce que Rancière appelle ta haine de la démocratie, coextensive à ta sainte terreur de l’irruption des gueux dans tes hautes sphères. Les prolos, tu les aimes comme les racistes aiment les Africains : chez eux. Tu les aimes s’ils restent à leur niveau, et les hais quand ils prétendent s’asseoir à la table du conseil d’administration de la société.

Qui es-tu ? Qui est « tu » ?

Tu es celui que tout ébranlement des classes populaires inquiète et crispe en tant qu’il menace ta place. Celui que tout ébranlement des classes populaires inquiète et crispe en tant qu’il menace sa place peut sans écart de langage être nommé bourgeois.

« Tu » est un bourgeois.

Tu es un bourgeois. Un bourgeois de gauche si tu y tiens. Sous les espèces de la structure, la nuance est négligeable. Tu peux être conjoncturellement de gauche, tu demeures structurellement bourgeois. Dans bourgeois de gauche, le nom prime sur son complément. Ta sollicitude à l’égard des classes populaires sera toujours seconde par rapport à ce foncier de méfiance. Dans bourgeois de gauche, gauche est une variable d’ajustement, une veste que tu endosses ou retournes selon les nécessités du moment, selon qu’on se trouve en février ou en juin 1848, selon le degré de dangerosité de la foule.

Tu es de gauche si le prolo sait se tenir. Alors tu loues sa faculté d’endurer le sort –sa passivité. Tu appelles dignité sa résignation. Digne est le pauvre qui te ménage, qui t’épargne. S’il ne se tient pas, tu fais les gros yeux. À Ruffin en maillot de foot à la tribune de l’Assemblée, tu colles une amende, précédée d’un conseil de discipline où tu le sermonnes. Tu es le proviseur adjoint du lycée France, et le proviseur Attali en remet une couche à la télé, pose la limite, marque la règle, en rappelant qu’une tenue négligée n’est pas tolérable car député oblige. Oblige à quoi ? Oblige le gueux à se costumer avant d’entrer dans l’hémicycle. L’oblige à se déguiser en toi. En bourgeois.

En lisant ce livre, j’ai passé beaucoup de temps à surligner des passages qui m’ont plu ou qui m’ont marqué. C’est généralement le signe que le livre va beaucoup me plaire, ce qui est bien le cas de celui-ci. J’y ai retrouvé des réflexions que je me suis souvent faites, même si évidemment je n’ai pas développé cette pensée aussi précisément et longuement que François Bégaudeau le fait dans cet ouvrage.

François Bégaudeau se présente comme un bourgeois qui n’accepte pas l’ordre social et qui se tient à l’écart de sa classe sociale. Je me suis retrouvé en partie dans cette description. Je suis un transfuge de classe mais je ne me suis jamais senti totalement intégré à cette bourgeoisie à laquelle mes revenus et mon mode de vie devraient pourtant me faire appartenir. Ce rejet, ou pour employer une expression moins forte, cette intégration seulement partielle, je pense qu’elle vient autant de moi que « d’eux » (de vous ?).

Comme François Bégaudeau, j’ai une certain radicalité de pensée, un besoin de m’interroger sur le monde et les rapports sociaux, qui s’accorde mal avec l’idéologie dominante mais aussi avec mes propres intérêts. A plusieurs reprises, j’ai eu l’impression récurrente de voter contre mes propres intérêts, parce que pour moi la pensée est plus forte que ses impacts sur mon mode de vie, qu’être cohérent avec mes valeurs est plus important que mon intérêt à court ou moyen terme.

Mais je suis peut-être coupable de la même hypocrisie que celle avouée par l’auteur à la fin de son texte : il souhaite la révolution et le bouleversement de l’ordre social, tant que cela paraît irréalisable.

J’ai dévoré ce livre en moins de trois jours et il m’a passionné. Je ne suis pas forcément d’accord à 100% avec tout ce que François Bégaudeau déclare dans ce texte, mais je pourrai en reprendre une très grande partie à mon compte. Je sais parfaitement que ce livre peut en agacer plus d’un, d’ailleurs l’auteur lui-même le savait certainement en l’écrivant. Pour ma part, c’est déjà l’une de mes lectures marquantes de 2019, et sans doute un livre que j’aurai plaisir à relire dans quelques années.
Profile Image for Baptiste Briet.
65 reviews
March 16, 2019
Ouvrage se présentant comme une analyse de la bourgeoisie. De par sa pensée et ses actions. L'auteur nous parle directement tout au long de ses pages afin de trouver notre côté bourgeois. Une question à la fin de cette ouvrage m'ouvre à cette réflexion "peut-on être progressiste si l'on est pour l'ordre établi ainsi que son maintien ?"
Profile Image for Marvin.
186 reviews6 followers
September 19, 2021
François Bégaudeau force la gauche «éclairée» à se regarder dans le miroir. Je parle de la gauche libérale qui ne pense plus qu'à défendre sa position sociale et économique et qui est obsédée par la performance et le mérite. Cette gauche a accepté totalement les règles du capitalisme pur et dur, et s'est repliée sur les questions identitaires pour se faire pardonner sa trahison.
Profile Image for David Rankin.
1 review
February 14, 2023
Relecture. Un de mes livres préférés. Ne soyez pas intimidés par la quarantaine de pages d'ouverture sur la présidentielle française de 2017. Il s'agit ici d'une critique virulente de la bourgeoisie, et trop bien écrite.
Profile Image for Yana Hasson.
96 reviews
September 11, 2021
Je me suis facilement reconnue dans le "tu" auquel s'adresse François Bégaudeau.
Je crois que ce livre (m')aide effectivement à étendre la zone de doute en mettant en évidence des rigidités que je n'ai jamais remises en cause (condamnation des extrêmes, du Brexit, que la sortie de l'Euro serait une catastrophe).
Ce livre vient aussi soutenir un effort de déconstruction sur des thèmes que j'ai récemment identifiés (valeur du mérite, redistribution, diabolisation sans nuance du communisme).
Par la justesse du portrait dressé de la classe à laquelle il faut bien que je reconnaisse que j'appartiens, ce livre me met face à des contradictions et la réalité d'une certaine hypocrisie.

Je reste cependant sceptique sur certains points (le besoin qu'a la pensée d'être tranchante et violente, l'exemple de l'amputation comme illustration d'un besoin de radicalité que l'on ne remet pas en question, une absence de prise en compte ou mention de la complexité des enjeux et incertitudes liées aux mesures politiques et sociales).

Si je devais en retenir un seul message, ce serait de me méfier de mes idées lorsqu'elles sont suspicieusement alignées avec mes intérêts et contribuent à me renvoyer un image meliorative.
Profile Image for R0sa B.
72 reviews1 follower
December 10, 2023
"Nous autres fonctionnaires pervers refusions de rallier la sphère privée. Nous travaillerions puisque telle était la règle d'airain, mais autant que possible sans intégrer le marché du travail. Cette prévention contre la marchandisation de nos neurones n'était pas morale mais vitale. Je voulais qu'une partie de moi s'adonne indéfini- ment à la joie gratuite de s'écouter penser.

J'ai volontiers laissé mon corps conditionné s'orienter d'instinct vers la fonction publique. J'avais besoin de la sécurité de l'emploi et d'une rémunération constante découplée de mes performances. Tu nous soupçonnes de paresse, tu as raison et tort: nous sommes des employés traîne-savates et des bosseurs fous. Je voulais lambiner au turbin pour turbiner du cerveau. Je voulais m'acheter des heures d'esprit libre, libre de calculs de valorisation de ma force de travail. Je voulais ménager, dans mon quotidien, des espaces de rêverie auto-rétribués, des espaces de disponibilité non lucrative à l'art. Et à la pensée.

Et toi?"
Profile Image for Azathoth.
108 reviews11 followers
February 18, 2021
Critique sans concession de la bourgeoisie libérale. Il vise souvent juste et ça fait mal. En tout cas j'ai trouvé ça assez jubilatoire. J'ai eu du mal à le suivre parfois sur certaines choses, notamment au niveau de la critique culturelle. Ça mériterait parfois d'être un peu plus approfondie, et aussi d'avoir quelques moments de répit. J'aurais aimé peut-être avoir des paragraphes, parce que tout s'enchaine et ça brasse beaucoup de domaines, dans un flux continu que j'ai trouvé parfois lourd à digérer. Après ce n'est pas un essai ni un livre de recherche, donc forcément ça peut être frustrant de ne pas avoir plus de détails concernant certaines idées. Mais en tout cas ça donne des armes et des arguments pertinents contre l'idéologie ambiante, et rien que ça, ça vaut le coup !
Profile Image for Alice .
536 reviews50 followers
August 18, 2024
Alors est ce qui si on n’aime pas particulièrement ce livre c’est parce qu’on est un·e bourgeois·e qui l’a mal pris ? Ou est ce que simplement on trouve le ton supérieur et condescendant fatiguant à la longue, d’autant que tous les sujets sont effleurés sans être développer. C’est bien beau de dire « c’est complètement con de penser ça » mais sans explication de pourquoi c’est en effet con alors à quoi bon ? A part quelques fulgurances avec explications notamment au début sur le populisme ou dans sa conclusion, on lit mais il n’y a aucune substance à part « tu es nul et regarde comme je suis intelligent » et ça vient de quelqu’un qui vote Poutou au premier tour et qui s’abstient au second..
Profile Image for Pierre-Olivier.
192 reviews2 followers
June 19, 2024
Bégaudeau , dans un lyrisme magistrale, effectue une critique de la classe bourgeoise. De ses aspirations, sa culture, ses affects, ses stratégies de reproduction de ses privilèges, son idéologie, son patrimoine, etc. Le livre se veut un dialogue ou plus tôt un exposé de l’auteur avec un représentant de la bourgeoisie. Tout en dénonçant l’hypocrisie crasse de cette classe parasitaire, l’auteur y affirme sont rôle de domination quotidienne dans la structure du capital et de la société marchandise ainsi que sa haine de la violence structurelle de ce rapport social aliéné. J’ai adorer, du grand Bédaudeau.
Profile Image for Ivan.
27 reviews
December 8, 2023
Plongée brillante au fin fond de la psychologie bourgeoise faites de punchlines et de fulgurances intellectuelles ! Décidément la morale et l'extrême centrisme ne sont pas les bienvenus dans le cercle de pensée de la gauche et c'est tant mieux !!
April 4, 2019
Un magnifique règlement de compte avec ses amis, lui-même, qui s’étend à mes amis et contre moi-même.
26 reviews3 followers
May 12, 2020
Il ne faut pas s'attendre à de la grande théorie, il n'en reste pas moins un essai qui si lit tout seul et touchant juste. À noter que son auteur est aussi très bon à l'oral
January 4, 2021
Drôle et impertinent, culotté parfois. Je me retrouve aussi bien dans le bourgeois que dans l’auteur critique. Je reconnais l’intérêt de lire ce livre, mais je ne comprends pas l’intérêt de l’écrire.
Profile Image for Hugo Falque.
67 reviews5 followers
May 31, 2019
Cet essai laborieux ignore les règles élémentaires de la grammaire. L'auteur impose une deuxième personne du singulier confusément générique, ce qui rend sa lecture insupportable à tous ceux qui ne souffrent ni de narcissisme, ni de paranoïa, et se demandent tout au long de ces 300 pages à qui il peut bien parler. L'exercice, très désagréable, rappelle à tous pourquoi la deuxième personne du singulier est si rare en littérature; mais Bégaudeau l'ignore, et échoue en amateur opportuniste convaincu d'un coup d'éclat littéraire.

Complice de la palme d'or la plus gênante de l'histoire du cinéma français, l'auteur poursuit donc sa carrière criminelle avec cette charge virulente contre les classes moyennes françaises. Accusées (entre autres) d'être propriétaires d'un 40m2, de regarder des séries télé, de boire du Chablis, de s'habiller chez H&M ou de partir en weekend à Royan, les classes moyennes vivent pour François Bégaudeau dans un luxe indécent, comparable à celui des riches propriétaires terriens du 19ème siècle. Il invite donc les marxistes à les massacrer selon le chapitre 1 du Capital.

Il n'y a rien de juste dans ces descriptions. Elles ne font chanceler le lecteur que parce qu'elles se contredisent d'une ligne à l'autre, sans jamais guider notre pensée. Elles dressent un portrait du Français moyen de la fin du 20ème siècle qui n'est certainement pas celui de la bourgeoisie des années 2010 — internationale, désintéressée, et pas du tout concernée par cette jalousie de classe que l'auteur cultive à l'égard de ses amis. Des simplifications naïves cachent un portrait dégradant des classes les plus pauvres: elles mépriseraient l'opéra, n'aimeraient pas les films de Jacques Demy, etc... La classe que l'auteur insulte n'est pas forcément celle qu'il visait.

S'il faut retenir une chose de ce pamphlet, c'est cela: la haine de Bégaudeau pour son prochain, sa condescendance face à son voisin, son malaise face à sa famille, et son mépris insidieux face au miroir...
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