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Abdenour Abdeslam, chercheur et linguiste spécialiste de la culture [[berbères|berbère]], conteste à l’historien sa vision du mouvement national algérien et déclare que Benjamin Stora {{citation|entache (sa) spécialité d’historien d’une grave atteinte à l’honnêteté intellectuelle<ref name="ap" >{{Lien web
Abdenour Abdeslam, chercheur et linguiste spécialiste de la culture [[berbères|berbère]], conteste à l’historien sa vision du mouvement national algérien et déclare que Benjamin Stora {{citation|entache (sa) spécialité d’historien d’une grave atteinte à l’honnêteté intellectuelle<ref name="ap" >{{Lien web
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Benjamin Stora est aussi à cause de ses engagements humanistes la victime d'attaques récurrentes de l'extrême-droite. On mentionnera celle d'Alain Soral<ref>{{Lien web|langue = |titre = Alain Soral contre Benjamin Stora et Gérard Longuet|url = https://www.youtube.com/watch?v=fx8crD8kOSY|site = youtube|date = décembre 2012|consulté le = }}</ref> en 2012.


'''Affaire Camus. '''
'''Affaire Camus. '''

Version du 27 août 2014 à 11:38

Benjamin Stora
Description de cette image, également commentée ci-après
Benjamin Stora en 2012.
Naissance (73 ans)
Constantine, Algérie
Activité principale
Auteur

Œuvres principales

  • Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens
  • Les sources du nationalisme algérien
  • Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954)
  • La Guerre d'Algérie, 1954-2004
  • Mitterrand et la guerre d'Algérie
  • La guerre d'Algérie vue par les Algériens
  • De Gaulle et la guerre d'Algérie
  • Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours

Benjamin Stora, né le à Constantine en Algérie[1],[2], est un historien français, professeur à l'université Paris-XIII et inspecteur général de l'Éducation nationale depuis septembre 2013. Ses recherches portent sur l'histoire du Maghreb contemporain, l'Algérie coloniale[3],[4],[5], les guerres de décolonisation et l'immigration en France.

Biographie

Benjamin Stora grandit dans la communauté juive de Constantine, où il assiste à la guerre d’Algérie. Ses parents s’exilent en juin 1962 en France[6]. Il fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris, puis au lycée Marcel Roby de Saint-Germain-en-Laye et à l'université Paris-X Nanterre.

Docteur en histoire en 1978 à l'EHESS[Note 1] puis en sociologie en 1984 à Paris VII [Note 2]. Jeune assistant universitaire, il donne des cours en prison. Il devient maître de conférences en 1986 et soutient sa thèse d’État en 1991 à Paris XII sur l'immigration algérienne[Note 3]. Il enseigne l'histoire du Maghreb et de la colonisation française (Indochine-Afrique). À partir de 1990, il a codirigé l'Institut Maghreb-Europe à Paris VIII-St Denis. Il a également enseigné à l'INALCO. Il a poursuivi ses recherches à Hanoï (1996-1997), New York (1998), au centre Jacques Berque de Rabat (1998-2002) et à l'université libre de Berlin (2011). Il s'est intéressé, notamment, à Messali Hadj, aux luttes entre indépendantistes algériens (Front de libération nationale contre Mouvement national algérien), à l'histoire des Juifs d'Algérie et à la mémoire de la guerre d'Algérie. Chercheur internationalement reconnu[réf. nécessaire][7], il a su faire avancer la recherche sur la guerre d'Algérie en utilisant les sources orales et visuelles, là où les archives écrites n'étaient pas toujours accessibles[réf. nécessaire].

Benjamin Stora a publié une trentaine d'ouvrages et a dirigé plusieurs publications. Parmi ses œuvres les plus notables, figurent ses travaux sur la mémoire de la guerre d'Algérie (La gangrène et l'oubli, 1991), sur l'Algérie contemporaine (avec sa biographie de Messali Hadj en 1987) et sur l'immigration algérienne en France (Ils venaient d'Algérie, 1992). Il a codirigé avec Abdelwahab Meddeb une somme encyclopédique sur L’Histoire des juifs et des musulmans (2013), à laquelle ont participé 120 chercheurs.

Il a également été conseiller historique du film Indochine de Régis Wargnier (Oscar du meilleur film étranger, 1993), de Là-bas... mon pays d'Alexandre Arcady en 2000, du Premier homme, de Gianni Amelio (2010), adaptation pour le cinéma du roman d'Albert Camus, et du film Les Hommes libres d'Ismaël Ferroukhi, présenté au Festival de Cannes en 2011. Il est l'auteur de plusieurs documentaires : Les années algériennes (France 2, 1991), Algérie, années de cendres (France 3, 1995), L'indépendance aux deux visages (France 5, 2002) et Conversations avec les hommes de la révolution algérienne (Chaine Histoire, 2003), François Mitterrand et la guerre d'Algérie (France 2, 2010), La Loi de mon pays (France 3, 2011). Le 11 mars 2012, le documentaire Guerre d'Algérie, la déchirure (coréalisé avec Gabriel Le Bomin) est diffusé en première partie de soirée sur France 2. Avec Jean-Michel Meurice, il est l'auteur du documentaire Notre histoire, diffusé le 13 mars 2012 sur Arte.

Benjamin Stora a été le commissaire général des expositions La France en guerre d'Algérie, avec Jean-Pierre Rioux et Laurent Gervereau (Hôtel des Invalides, 1992), et Photographier la guerre d'Algérie, avec Laurent Gervereau (Hôtel de Sully, 2004). Il a été l'un des conseillers scientifiques de l'exposition « Juifs d'Algérie » au Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme (septembre 2012-janvier 2013), et commissaire général, avec Linda Amiri, de l'exposition « Vies d'exils, les Algériens en France, 1954-1962 », à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (octobre 2012-mai 2013).

Il est membre du jury du Prix du livre d'Histoire décerné par le Sénat.

Benjamin Stora a reçu en 2011 le Grand Prix des lectrices de Elle, pour un livre-objet publié aux éditions Les Arènes, Algérie 1954-1962 : lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre, coécrit avec Tramor Quemeneur. Il est chevalier de la Légion d'honneur depuis 2009[8] et officier des Arts et des Lettres. Benjamin Stora a fait son entrée dans le dictionnaire Larousse (édition 2014), comme historien.

Il a été nommé inspecteur général de l'Éducation nationale (groupe histoire géographie) au tour extérieur, le 13 septembre 2013.

Le 1er août 2014, Benjamin Stora est nommé président du Conseil d'orientation de l’Établissement public du Palais de la Porte dorée qui inclut la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, par décret du Premier ministre Manuel Valls[9].

Militantisme politique

Le président de la République française François Hollande en 2012

De 1968 à 1984, Benjamin Stora rejoint le groupe trotskiste Alliance des jeunes pour le socialisme - Organisation communiste internationaliste (AJS-OCI)[10],[11]. Il fait partie du comité directeur de l'OCI.

En 1978, Benjamin Stora consacre une biographie au nationaliste algérien et leader indépendantiste Messali Hadj (fondateur du Mouvement national algérien)[10], qui a été proche des trotskystes français. Benjamin Stora est un des principaux fondateurs du syndicat UNEF ID, lors du congrès de Nanterre en 1980 (l'UNEF s'est réunifiée en 2001), qui mobilise des éléments de gauche en dehors du PCF (trotskystes lambertistes, courant auquel il appartient et socialistes).

Il rejoint le Parti socialiste en 1985, mais quitte officiellement tout engagement politique organisé en 1988, à la suite d’un drame personnel, quand sa fille est emportée par un cancer à l’âge de 12 ans[12].

Certains de ses écrits sont publiés dans L'Humanité, parfois aussi dans Le Figaro (15 octobre 2007), Jeune Afrique (1er mars 2010) ou Télérama (22 septembre 2008)[13]. Il a apporté publiquement son soutien aux candidatures à la présidence de la République de Ségolène Royal en 2007 et de François Hollande en 2012.

En 2012, Paris Match le surnomme « l'historien du Président »[14] et note que « François Hollande et l’intellectuel se sont connus en 2006 et ne se sont plus quittés depuis ». Ces liens ont débouché sur la reconnaissance par la République française des massacres du 19 octobre 1961 perpétrés par la police française sur des manifestants algériens à l'appel du FLN en plein cœur de Paris en 2012. En 2011, le candidat François Hollande avait participé à une commémoration de la répression sur le pont de Clichy en présence de l'historien Benjamin Stora[15]. Un an plus tard, une fois élu, le président Hollande reconnaissait officiellement la répression commise par l’État français.

Critiques des travaux de Benjamin Stora

Le documentaire Les années algériennes de Benjamin Stora, co-réalisé, avec Bernard Favre fait l'objet, sous le titre « Les années algériennes ou la soft histoire médiatique ? » d'une critique approfondie par les historiens Mohammed Harbi, Gilbert Meynier, Madeleine Rébérioux, Annie Rey-Goldzeiguer et Pierre Vidal-Naquet, en 1992 dans la revue Peuples méditerranéens[16]. Benjamin Stora a répondu à ces critiques dans la même revue [17] et à d'autres interrogations dans la revue Vingtième siècle[18]en 1992. Pour Guy Pervillé, cette critique contre Nora[Qui ?] de la part de son propre camp, la gauche anticolonialiste, « au mieux d’avoir confondu la mémoire et l’histoire, au pis d’avoir fait un film colonialiste (sans pour autant satisfaire les partisans intransigeants de l’Algérie française, qui lui faisaient le reproche inverse) »[19] repose sur une méprise, que Nora[Qui ?] explique dans ses réponses « en soulignant la nécessité « d’assumer l’histoire » si l’on veut éviter la « répétition du refoulé[Qui ?] ». Cette polémique marque pour Guy Pervillé le début d'une longues série d'autres, où « des historiens furent de plus en plus souvent entraînés dans des polémiques lancées par des militants de la mémoire ou même par d’autres historiens », car « la mémoire de la guerre d’Algérie est apparue brusquement comme un devoir qui interdisait son éloignement dans le temps mais devait la rendre éternellement présente, comme si le cours du temps s’était subitement arrêté, ou même inversé »[20],[21].

Les travaux de Benjamin Stora ont également fait l'objet des critiques des historiens Michel Renard[22] et Daniel Lefeuvre[23], professeur à l'université Paris VIII, qui a déclaré que « Benjamin Stora témoigne d’un parti pris inacceptable de la part d’un historien pour qui le doute critique fait loi, quelles que soient les sympathies qu’il entretient avec son objet de recherche[24]. »

L'historien René Gallissot[25] lui reproche aussi son rythme journalistique.

Le point commun de toutes les critiques est que l'historien B. Stora confond mémoire et histoire[26]. Il répond en disant que le but de son travail est de faire une histoire critique de la mémoire pour tenter de rapprocher les points de vue ou du moins de dépasser les guerres de mémoire. Il se veut "un passeur entre deux rives", un historien qui habite dans le Nord et qui étudie les sociétés du sud. De surcroit, on lui fait grief dans ses analyses de projeter des considérations personnelles qui reflètent sa propre histoire ou ses opinions politiques[27] qui ont évolué au cours du temps, le passage du communisme révolutionnaire à la social démocratie, passage qu'il raconte dans son égo-histoire la dernière génération d'octobre[28]. Toutefois, les sources d'inspiration actuelles de ce chercheur ne sont pas exemptes d’ambiguïtés. À titre d'exemple, Stora déclare avoir peu à peu évolué de Sartre, du marxisme finalement, à Camus en lisant son livre Le Premier Homme en 1994[29]. Et, il se déclare influencé en 2014 par la pensée du psychiatre martiniquais Frantz Fanon ayant rallié le FLN pendant la guerre d'Algérie qui est la traduction dans son livre les damnés de la terre de la pensée de Sartre aux pays en voie de développement[30]. Celui-ci avait préfacé l'ouvrage en 1961.

Abdenour Abdeslam, chercheur et linguiste spécialiste de la culture berbère, conteste à l’historien sa vision du mouvement national algérien et déclare que Benjamin Stora « entache (sa) spécialité d’historien d’une grave atteinte à l’honnêteté intellectuelle[31]. »Il lui reproche d'avoir surestimé la figure arabophone de Messali Hadj et d'avoir oublié les fondateurs kabyles de l'Etoile Nord Africaine comme Amar Imache[32]. C'est en partie contestable. Benjamin Stora lui consacre une notice dans son dictionnaire des militants algériens[33].

L'historien Jacques Simon, ancien militant troskyste et anciene membre du FFS(Front des forces socialistes), le parti algérien fondé par Ait Ahmed en 1963, estime quant à lui que Benjamin Stora fait « l'apologie de l'islamisme[34]. » Il lui reproche également de soutenir le régime algérien en place dans ses travaux et de concevoir l'identité nationale du peuple algérien uniquement sous l'angle arabo-musulman en oubliant sa composante berbère, ce que l’intéressé dément[35].

Benjamin Stora est aussi à cause de ses engagements humanistes la victime d'attaques récurrentes de l'extrême-droite. On mentionnera celle d'Alain Soral[36] en 2012.

Affaire Camus.

En septembre 2012, Michel Onfray déclare se retirer de l'exposition consacrée à Albert Camus devant se tenir à Aix-en-Provence en 2013. Il donne pour raison notamment « les intrigues de réseaux, le copinage d'anciens combattants d'extrême gauche reconvertis dans l'opportunisme social-démocrate, la morgue de l'impuissance universitaire, la niaiserie d'une ministre confondant usage public des crédits et punition idéologique, la veulerie des institutionnels de la culture »[37]. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, soutenant le commissariat de Benjamin Stora, mais apprenant que celui-ci était écarté par ce que le MRAP dénonce comme « un coup de force de la mairie »[38], avait annoncé qu'elle retirait à l'exposition le soutien officiel du ministère[39].

Bibliographie

Benjamin Stora au 19e Maghreb des livres (Paris, le 16 février 2013).
  • Benjamin Stora, Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, 1926-1954, L'Harmattan, , 404 p.
  • Benjamin Stora, Nationalistes algériens et révolutionnaires français au temps du Front populaire, L'Harmattan, , 140 p.
  • Benjamin Stora, Les sources du nationalisme algérien : parcours idéologiques, origine des acteurs, L'Harmattan, , 195 p.
  • Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954), Paris, La Découverte, (1re éd. 1991), 126 p. (ISBN 2-7071-4466-5)
  • Benjamin Stora, Ils venaient d'Algérie : l'immigration algérienne en France (1912-1992), Arthème Fayard, , 492 p.
  • Benjamin Stora, Aide-mémoire de l'immigration algérienne : chronologie (1922-1962). Bibliographie, C.I.E.M.I., , 136 p.
  • Benjamin Stora, Histoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, (1re éd. 1993) (ISBN 2-7071-4293-X)
  • Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie depuis l'indépendance, t. 1 : 1962-1988, Paris, La Découverte, , 120 p. (ISBN 2-7071-4405-3)
  • Benjamin Stora, Ferhat Abbas et Zakya Daoud (collab.), Une utopie algérienne, Denoël,
  • Benjamin Stora, L'Algérie en 1995, Éditions Michalon, (ISBN 2-84186-013-2)
  • Benjamin Stora, Imaginaires de guerre, Algérie-Viêt Nam en France et aux États-Unis, Paris, La Découverte, (ISBN 2-7071-4308-1)
  • Benjamin Stora, Appelés en guerre d'Algérie, Gallimard,
  • Benjamin Stora, Algérie, formation d'une nation, suivi de Impressions dans l'est algérien, Éditions Atlantica,
  • Benjamin Stora, La gangrène et l'oubli : la mémoire de la guerre d'Algérie, La Découverte, (1re éd. 1998)
  • Benjamin Stora, Le transfert d'une mémoire : de l'« Algérie française » au racisme anti-arabe, La Découverte,
  • Benjamin Stora et Akram Ellyas, Les 100 portes du Maghreb, Éditions de l'Atelier,
  • Benjamin Stora, La guerre invisible - Algérie années 90, Presses de Sciences Po.,
  • Benjamin Stora, La dernière génération d'octobre, Éd. Stock, (ISBN 978-2-2340-5620-6)
  • Benjamin Stora, Messali Hadj : pionnier du nationalisme algérien, Paris, Hachette, (ISBN 2-0127-9190-5)
  • Benjamin Stora et Mohammed Harbi, La Guerre d'Algérie, 1954-2004 : la fin de l'amnésie, Paris, Robert Laffont, (ISBN 2-2211-0024-7)
  • Benjamin Stora, Les mots de la guerre d’Algérie, Presses universitaires du Mirail, (ISBN 9782858167777, présentation en ligne)
  • Benjamin Stora, Les trois exils, Juifs d'Algérie, Paris, Stock, (ISBN 2-2340-5863-5)
  • Benjamin Stora et Émile Temine, Immigrances : l'immigration en France au XXe siècle, Paris, Hachette Littératures, (ISBN 2-0123-7261-9)
  • Benjamin Stora, La guerre des mémoires : la France face à son passé colonial (entretiens avec T. Leclère), Éditions de l'Aube,
  • Benjamin Stora, Les guerres sans fin, un historien entre la France et l'Algérie, Paris, Stock, (ISBN 978-2-2340-6051-7)
  • Benjamin Stora, une histoire politique, 1912-1962, Hachette Littératures,
  • Benjamin Stora, Le mystère De Gaulle : son choix pour l'Algérie, Robert Laffont,
  • Benjamin Stora et François Malye, Mitterrand et la guerre d'Algérie, Calmann-Lévy,
  • Benjamin Stora, Algérie 1954-1962 : lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre, Les Arènes,
  • Benjamin Stora, Le nationalisme algérien avant 1954, CNRS éditions,
  • Benjamin Stora et Christian Boyer, Bibliographie de l'Algérie indépendante, 1962-2010, Éd. du CNRS,
  • Benjamin Stora, Le 89 arabe, réflexions sur les révolutions en cours, dialogue avec Edwy Plenel, Stock, (ISBN 978-2-2340-7112-4)
  • Benjamin Stora et Renaud de Rochebrune, La guerre d'Algérie vue par les Algériens, Denoël,
  • Désirée Frappier et Alain Frappier (préf. Benjamin Stora), « Charonne ou l'oubli impossible (préface) », dans Dans l'ombre de Charonne, Éditions du Mauconduit, , bande dessinée
  • Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie : XIXe et XXe siècles, La Découverte,
  • Benjamin Stora, La guerre d'Algérie expliquée à tous, Seuil,
  • Benjamin Stora, De Gaulle et la guerre d'Algérie, Arthème Fayard, coll. « Pluriel »,
  • Benjamin Stora, Voyages en postcolonies, Stock,
  • Benjamin Stora, Algériens en France. 1954-1962 : la guerre, l’exil, la vie. Catalogue de l’exposition, dirigée par Benjamin Stora et Linda Amiri, Autrement/CNHI, 224 p.
  • Benjamin Stora et Jean-Baptiste Péretié, Camus brûlant, Stock,
  • Benjamin Stora et Abdelwahab Meddeb, Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours, Albin Michel, (ISBN 978-2-226-24851-0)Présentation de l'ouvrage et de son comité scientifique [PDF]

Sur Benjamin Stora

Ouvrages sur Benjamin Stora

Notes et références

Notes

  1. Jury : Jacques Berque, Charles-Robert Ageron, Annie Rey Goldzeiguer
  2. Jury : Pierre Fougeyrollas, Jean Duvignaud, Pierre Ansart, Gérard Namer
  3. Jury : Charles-Robert Ageron, Jean Leca, Mohammed Harbi, Gilbert Meynier, René Gallissot

Références

  1. « Biographie de Benjamin Stora », sur univ-paris13.fr (consulté le ).
  2. « Stora: "La France et l'Algérie devraient respecter tous les morts" », sur L'EXPRESS.fr (consulté le ).
  3. Éric Savarese, « Après la guerre d'Algérie », Revue internationale des sciences sociales, ERES, vol. n° 189, no 3,‎ , p. 491-500 (ISSN 0304-3037, DOI 10.3917/riss.189.0491, résumé, lire en ligne).
  4. Joelle Meskens, Veronique Kiesel, Colette Braeckman, « Des Belges dans la sale guerre d’Algérie », sur Le Soir, (consulté le ).
  5. Le Point, magazine, « "Guerre d'Algérie, la déchirure": un film tout en archives, parfois inédites », sur Le Point.fr (consulté le ).
  6. « Une enfance à Constantine, par Benjamin Stora ».
  7. Scott Sayare, « A Life Spent Remembering a War France Has Tried to Forget », sur New York Times, (consulté le ).
  8. Le Figaro 17 juillet 2009
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  10. a et b Claude Askolovitch, « Benjamin Stora, Historien de l'intérieur, no 2134 », Nouvel Obs, semaine du jeudi 30 octobre 2003 (consulté le )
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